Un large consortium d'entreprises cosmétiques, accompagné par Quantis, vient de publier la méthodologie du Eco-Beauty Score (EBS), pour consultation publique. Le but de ce nouveau ‘Eco-score’ est de permettre aux consommateurs de faire des choix plus éclairés et plus durables.
Or, la proposition EBS telle que présentée aujourd'hui, comporte d'importants écueils et suscitera très probablement de vives inquiétudes de la part des parties prenantes.
L'aspect positif de ce score écologique est qu'il s'appuie sur l’approche européenne, le ‘Product Environmental Footprint (PEF)’, pour évaluer l'aspect durable des produits mis sur le marché, grâce à l'utilisation des 16 catégories d'impact du PEF.
L'aspect négatif est qu’il s’appuie seulement sur le PEF. Si cette méthodologie doit effectivement être utilisée pour évaluer l'empreinte des produits du point de vue du cycle de vie, ses concepteurs insistent sur le fait que des informations supplémentaires doivent être utilisées - et fournies - lorsque cela s’avère nécessaire.
Pour les produits cosmétiques, ce qui est sans conteste ‘nécessaire’, est la composition de la formule : contient-elle des substances extrêmement préoccupantes (SVHC) ? Des substances persistantes, bioaccumulables et toxiques (PBT)? Des perturbateurs endocriniens ? Quelle est la classification CLP globale du produit ? Quel est le volume d'eau nécessaire pour diluer la formule afin de ramener sa toxicité à un niveau non préoccupant ?
Tous ces aspects (qui constituent généralement la pierre angulaire de tout label écologique sérieux) sont absents de la version actuelle de l’Eco-Beauty Score’.
En outre, il est étonnant que le consortium ait décidé d’utiliser le résultat des 16 catégories d'impact du PEF, à l'exception de la catégorie d’impact ‘écotoxicité aquatique’ ! C’est pourtant un impact déterminant pour des produits cosmétiques.
L'argument avancé est que l'utilisation de USEtox, méthode recommandée par le PEF pour évaluer le score de la catégorie d'impact toxicité aquatique, n’est pas appropriée pour les produits cosmétiques (?!), et qu'une base de données spécifique doit d'abord être construite.
Sur ce dernier point, j'aimerais rappeler que le EU-JRC (Joint Research Center) a construit une base de données à partir des données mêmes fournies par l’industrie dans le cadre de leurs obligations règlementaires REACh. Cette base fournit des facteurs de caractérisation pour plus de 6 000 substances. Ces données peuvent être utilisées pour faire tourner USEtox, ou toute autre méthode d'évaluation que le consortium souhaiterait utiliser.
Database is here: https://eplca.jrc.ec.europa.eu/ecotox.html
Publication is here: https://link.springer.com/article/10.1007/s11367-022-02033-0
Si ce sujet vous interpelle et que vous aimeriez en savoir plus, n’hésitez pas à me contacter : https://www.net-zero-impact.eu/contact
Comments