top of page
Photo du rédacteurErwan Saouter

L’ACCES A L’ENERGIE : UNE CRIANTE INEGALITE.

Temps de lecture : 2 min max


Plus de la moitié de la consommation mondiale d'énergie est le fait de quelques régions dans le monde : Chine (23%), États-Unis (18%) Europe (14%), Inde (6%) et Russie (5%). En comparaison, le continent Africain qui regroupe 63 pays et 17% de la population mondiale ne consomme que 3% de l’énergie mondiale. La Chine était au même niveau de consommation que le continent africain il y a seulement 40 ans. De 1980 à 2000, elle a doublé sa consommation, entre 2000 et 2019 elle l’a quadruplée. Si tous les pays aujourd’hui faibles consommateurs d’énergie suivent l’exemple de la Chine, la consommation mondiale d’énergie va exploser dans les décennies à venir[1].


Aujourd’hui la consommation d’énergie par habitant et par an la plus élevée est celle d’un Qatari avec 198 000 KWh, suivi de près par un Islandais avec 180 000 KWh[2]. Consommation à comparer à celle d’un Américain (88 000 KWh), d’un Européen (31 000KWh) ou celle d’un Africain (4 000 kWh)[3]. Un habitant du Tchad, lui, consomme environ 98 kWh par an, soit 2000 fois moins qu’un Qatari, ou 320 fois moins qu’un Européen !


consommation d'énergie d'un Qatari, Américain du nord, européen, africain et tchadien
Consommation d'énergie par habitant

En 2019, 13% de la population mondiale n’a toujours pas accès à l’électricité. C’est presque 1 milliard de personnes, soit deux fois la population européenne (EU 27)[4]. Concrètement, cela signifie : pas d’électricité pour s’éclairer, pour cuisiner, pour que les jeunes puissent étudier le soir. Sans accès à l’électricité, les chances d’améliorer ses conditions de vie sont extrêmement réduites. Impensable pour un Européen, mais c’est le quotidien pour beaucoup trop d’êtres humains.


L’organisation de coopération et de développement économique (OCDE) prévoit que le produit intérieur brut (PIB) mondial devrait quadrupler entre 2011 et 2060, avec un déplacement de la production et de la consommation vers les économies émergentes et en développement[5]. Elle prévoit également un quasi doublement de l’utilisation des énergies fossiles et donc des émissions de gaz à effet de serre, si entretemps aucune innovation conséquente n’a été mise en place. L'utilisation mondiale de matériaux devrait aussi plus que doubler. L’utilisation des minéraux non métalliques, tels que le sable, le gravier et le calcaire (notamment pour fabriquer le ciment) vont continuer à croître. C’est une quantité énorme de sable, de fer et d’autres matériaux qu’il faudra extraire.


Sans un changement radical de notre mix énergétique et de nos modes de production et de consommation, les émissions de gaz à effet de serre et les impacts environnementaux vont exploser. Si l’efficacité énergétique et la « sobriété » sont des leviers d’action incontournables pour les pays riches (50% des émissions mondiales sont générées par 10% de la population, soit 750 millions de personnes[6]), ils sont inadaptés pour 90% de la population mondiale qui aspire à une meilleure qualité de vie.


La transition énergétique et écologique est une réalité incontournable, mais elle doit avant tout être égalitaire, avec une meilleure répartition et gestion des ressources énergétiques et naturelles.


Pour réaliser cette transition, les pays occidentaux peuvent se serrer la ceinture, mais cela sera très insuffisant pour compenser l’augmentation des besoins. Nous avons donc besoin, aujourd’hui plus que jamais, d’innovation et d’investissement. Une récente conférence TED de Yuval Noah Harari[7], avec le soutien de Sapienship[8], a estimé qu’un investissement annuel de 2% du PIB mondial dans les technologies propres est nécessaire pour financer la transition énergétique. Cela peut paraitre énorme, mais en 2008, pour sauver le système bancaire, les USA ont investi 3.5% du PIB mondial. Pour combattre la pandémie du COVID 19, les pays ont au total investi près de 14% du PIB. 2% du PIB mondial, c’est aussi le montant des subventions accordées aux compagnies pétrolières tous les 3-4 ans, ou encore le montant des pertes liées aux gaspillages alimentaires tous les deux ans. Selon la même étude, l’évasion fiscale se monte à 10% de PIB mondial.


Le problème n’est donc pas financier, mais politique. Et s’il est politique, il revient à chacun de nous de faire les bons choix et de ne pas se tromper de bataille. Il convient également d’aborder la transition avec une vision globale – une très grande partie de l’humanité n’a toujours pas pu bénéficier des avantages que procurent une énergie abondante et bon marché – et des actions locales adaptées aux spécifications et besoins de chaque région du monde.


Pour réaliser cette transition, toutes les solutions sont a priori bonnes à prendre, mais certaines sont plus efficaces que d’autres. Nous verrons cela dans les prochains articles.


Et surtout n'hésitez pas à me contacter si vous avez des questions ou besoin d'accompagnement dans votre route vers un monde zero impact.

[1] Tous ces chiffres, et bien d’autres, sont disponibles sur l’excellent site de Our World in Data. [2] Si Qatari et Islandais ont à peu près la même consommation énergétique, leur mix énergétique est très différent. Pour le Qatar, ce sont essentiellement des énergies fossiles (74% gaz et 26% pétrole), donc très émettrices de CO2, alors que l’Islande a 80% de son énergie d’origine renouvelable (essentiellement géothermie et hydraulique). L’empreinte CO2 d’un Qatari est de 106 kg par jour alors qu’elle n’est que de 30 kg pour un Islandais (même si l’électricité est 100% renouvelable, les Islandais ont encore besoin de pétrole pour faire tourner leurs voitures et usines). [3] https://ourworldindata.org/energy-production-consumption [4] Soit 447,7 millions de personnes selon Eurostat au 07/2020. https://ec.europa.eu/eurostat/documents/2995521/11081101/3-10072020-AP-FR.pdf/15ed8ebe-82de-05bc-36e9-fef0faae1e33 [5] OECD. Material Resources, Productivity and the Environment. (2015) doi:10.1787/9789264190504-en. [6] https://www-cdn.oxfam.org/s3fs-public/file_attachments/mb-extreme-carbon-inequality-021215-en.pdf [7] Yuval Noah Harari: The Actual Cost of Preventing Climate Breakdown | TED [8] https://www.sapienship.co

3 vues0 commentaire

Comments


bottom of page