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Photo du rédacteurErwan Saouter

Pourquoi #USEtox ne doit pas être utilisé en isolation pour informer le consommateur sur la #durabilité d’un produit #cosmétique.

Un large consortium d'entreprises cosmétiques, accompagné par Quantis, vient de publier la méthodologie du Eco-Beauty Score (EBS). Le but de ce nouveau ‘Eco-score’ est de permettre aux consommateurs de faire des choix plus éclairés et plus durables. La consultation publique se termine le 9 mai 2024.

 

Ce score écologique s'appuie exclusivement sur l’approche européenne, le ‘Product Environmental Footprint (#PEF)’. C’est une méthode d’analyse du cycle de vie (#ACV) qui permet d’évaluer l’empreinte environnemental d’un produit mis sur le marché, via le calcul de 16 catégories d'impact (changement climatique, acidification, toxicité humaine, toxicité aquatique, couche d’ozone, eutrophication, utilisation des ressources…).

 



L’approche ACV est idéale pour prendre en compte la consommation de ressources et toutes les émissions de polluants qui ont lieu au cours de toutes les phases du cycle. Grosso modo, on parle pour une ACV classique, de plusieurs centaines de substances chimiques émises vers chaque compartiment air, sol, eau, et qui vont contribuer au calcul des +/- 16 catégories d’impact.

 

La méthode USEtox est utilisée pour calculer le score toxicité aquatique et santé humaine. Cela se fait par le biais de facteurs de caractérisation[1] spécifiques à chaque substance émissent.

Au dire même de ses auteurs, USEtox permet d’identifier les 10-20 substances, sur une liste de plusieurs centaines, qui pourrait poser des problèmes pour les écosystèmes aquatiques et la santé humaine. 

 

Jusque-là, tout va bien. En revanche, ce n’est absolument pas suffisant pour déterminer si la formule utilisée pour un produit cosmétique est durable (i.e écologique).

 

En effet, l’approche LCA et USEtox ne permet pas ;

  1. D’identifier les ingrédients posant problèmes : ceux-ci n’apparaitront quasiment jamais dans la liste de 10-20 substances identifiées par USEtox (leurs masses étant négligeables en comparaison des centaines de substances émissent sur la totalité du cycle de vie)

  2. D’identifier les substances classées par la réglementations européennes comme étant dangereuses pour la santé humaine et l’environnement (pour les connaisseurs : SVHC, PBT vPvb, cancérigène, mutagène, etc…)

  3. De conclure si une formule est plus respectueuse de la santé humaine et de l’environnement. La toxicité directe - au moment de l’utilisation du produit - n’est pas prise en compte dans le modèle, ni les impact environnementaux locaux au moment du rejets des effluents des stations d’épuration (s’il y en a !) dans la rivière ou le lac adjacent.

  4. De conclure du niveau de biodégradabilité de la formule, ce qui est essentiel si on veut respecter les limites planètaires

  5. De conclure sur la naturalité et la traçabilité des ingrédients.

 

En fait, se baser uniquement sur une approche LCA et USEtox vient à labéliser des produits comme étant ‘durable’ alors que les schémas type ‘Ecolabel’ diront exactement l’opposé. De quoi, non seulement perturber le consommateur, mais aussi prendre le risque de décrédibiliser ces tentatives d’affichage dont nous avons grandement besoin pour soutenir une consommation plus durable.

 

Si ce post vous interpelle et souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à me contacter : saouter@net-zero-impact.eu

 

Vous pouvez aussi lire les publications que j’ai faites sur ce sujet :

 

1.     Sala, S., Biganzoli, F., Mengual, E. S. & Saouter, E. Toxicity impacts in the environmental footprint method: calculation principles. Int. J. Life Cycle Assess. 27, 587–602 (2022).

2.     Erwan Saouter, Fabrizio Biganzoli, Rana Pant, Serenella Sala, Donald Versteeg: Using REACH for the EU Environmental Footprint: building a usable ecotoxicity database (part I). Integrated Environmental Assessment and Management 05/2019;, DOI:10.1002/ieam.4168

3.     Erwan Saouter, Deidre Wolff, Fabrizio Biganzoli, Donald Versteeg: Comparing options for deriving chemical ecotoxicity hazard values for the EU Environmental Footprint (part II). Integrated Environmental Assessment and Management 05/2019;, DOI:10.1002/ieam.4169

4.     Erwan Saouter, An De Schryver, Rana Pant, Serenella Sala: Estimating chemical ecotoxicity in EU ecolabel and in EU product environmental footprint. Environment International 09/2018; 118., DOI:10.1016/j.envint.2018.05.022

5.     Saouter, E. G., Perazzolo, C. & Steiner, L. D. Comparing chemical environmental scores using USEtoxTM and CDV from the European Ecolabel. Int. J. Life Cycle Assess. 16, 795–802 (2011). DOI:10.1007/s11367-011-0314-6

6.     Serenella Sala, Assumpcio’ Anton, Sarah J. McLaren, Bruno Notarnicola, Erwan Saouter, Ulf Sonesson: In quest of reducing the environmental impacts of food production and consumption. Journal of Cleaner Production 09/2016; 140., DOI:10.1016/j.jclepro.2016.09.054


[1] Le centre de recherche de la commission européenne – le EU-JRC (Joint Research Center) - a d’ailleurs construit une base de données pour être utilisé dans le cadre des analyses PEF. Elle contient des facteurs de caractérisation pour plus de 6 000 substances : https://eplca.jrc.ec.europa.eu/ecotox.html. Base de données que le consortium ne se semble pas vouloir utiliser. Dommage !

 

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